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La France ne produit que 59% des fruits qu'elle consomme. Nos aliments parcourent en moyenne 3350 kilomètres entre leur lieu de production et leur lieu de consommation, et bon nombre d'entre eux entrent dans des préparations alimentaires hautement transformées.

S'engager en faveur d'une agriculture et d'une alimentation plus durables et plus souveraines, c'est aussi l'affaire de chacun de nous, les consommateurs. Acheter au producteur en direct en végétalisant sa nourriture réduit le nombre d'intermédiaires, et donc les prix. Produire une partie de sa nourriture en ville, dans des jardins partagés, permet d'accéder à des produits frais et bio...

Notre système alimentaire doit être repensé en profondeur pour mettre en place l'agriculture durable de demain qui permettra de remplir nos assiettes sans continuer à détruire la planète. Ce sujet appelle un débat collectif et l'engagement de tous, pour faire de l'alimentation un bien commun.

Chaque français mange plus d'une demi-tonne de nourriture solide par an en moyenne. Les français mangent chaque année 30 millions de tonnes d'aliments solides + 30 millions de tonnes d'aliments liquides.

Entre 2000 et 2020 les importations globales de produits agricoles et alimentaires sont passées de 20,9 milliards d'euros à 42,2 milliards d'euros.

40% des poires, des pêches et des nectarines viennent d'ailleurs, ainsi que les deux tiers du raisin de table. Près de la moitié de nos tomates, de nos concombres et de nos courgettes viennent de l'étranger, notamment l'hiver.

En France, le transport des aliments pour animaux (en majorité des tourteaux de soja) pèse pour 1/3 du trafic total. Celui des fruits et des légumes, qui circulent beaucoup, en représente 1/4.

Notre alimentation génère un trafic de 201 milliards de TKM par an (estimation).

En 1980, la grande distribution fournissait 27,9% de nos achats alimentaires. En 2018, les hyper et les supermarchés concentrent 64,5% de nos achats alimentaires.

La bascule de nos achats alimentaires vers les grandes surfaces a eu lieu au cours des décennies 1980 et 1990. Depuis, c'est stable. Aujourd'hui, 6 centrales d'achat, Auchan, Carrefour, Intermarché, Leclerc et Système U, représentent 92% de la grande distribution alimentaire.

80% des produits proposés par la grande distribution sont des aliments ultra-transformés. Les français de plus de 15 ans mangent en moyenne un tiers d'aliments ultra-transformés tous les jours.

Les boissons et les produits alimentaires ultratransformés sont des formulations de plusieurs ingrédients qui, en plus d'être additionnés de sel, de sucre, d'huile et de graisse, subissent des transformations (surcuisson, déshydratation...), et incluent des substances non utilisées en cuisine familiale, comme des épaississants ou des texturants.

En 1960, 34,6% de nos dépenses servaient à nous nourrir. Aujourd'hui, 20,4% de nos dépenses sont consacrées à notre alimentation.

En 15 ans, la part qui revient aux agriculteurs s'est effondrée, et l'essentiel de ce que nous payons rétribue toujours et avant tout les grandes surfaces, les importations et les industriels.

En quelques décennies, les gains de productivité de l'agriculture ont été multipliés parfois jusqu'à 1000, une hausse sans précédent dans l'histoire de l'humanité.

La part des agriculteurs dans la population active est passée de 33% en 1944 à 1,5% en 2019.

Il y a en France 391 000 agriculteurs en conventionnel et 47 000 en bio.

La France est le premier utilisateur de produits phytosanitaires en Europe et le quatrième au monde.

26 millions d'hectares de surfaces agricoles sont nécessaires à l'alimentation des Français, dont 40 % pour nourrir les animaux (prairies artificielles ou cultures de plantes pour leur alimentation). L'alimentation animale est devenue le principal débouché industriel des céréales françaises : elle consomme la moitié de la production (10,2 millions de tonnes de céréales).

La France importe 5,4 millions de tonnes de soja en grains par an. Le tiers vient du Brésil, et 20 % du Paraguay. Environ 55 % des tourteaux, qui complètent l'alimentation des animaux d'élevage, sont importés du Brésil, contribuant à la déforestation amazonienne et aux désastres environnementaux et humains liés au développement des grandes cultures intensives, qui chassent les petits paysans et les communautés indigènes.

20 % des sols agricoles français sont menacés par l'érosion.

Au-delà de l'abondance ou non de vers de terre, on a longtemps méconnu l'importance de la biodiversité des sols. Et pourtant, ça grouille sous nos pieds ! Longtemps, l'agriculture a jugé cette diversité gênante et a multiplié les désinfections de sols ou même les cultures hors sol, or on est en train de découvrir que les micro-organismes du sol sont des alliés et non des gêneurs, car le microbiote des sols contribue directement à la productivité végétale.

A niveau mondial, la baisse de fertilité et celle des rendemets agricoles due à la baisse de biodiversité des sols nous coûtent aujourd'hui 40 milliards de dollars par an, et ce chiffre va aller en s'aggravant rapidement. Une étude publiée en février 2018 par la Commission européenne évaluait à 1,25 milliard d'euros par an le coût de l'érosion des sols pour les agriculteurs européens. Cette érosion touche plus de 12 millions d'hectares de terres, soit 7,2 % des terres agricoles européennes.

Nos repas sont de plus en plus déstructurés. En 2018, les Français ont consommé plus de 1,5 millions de tonnes de produits sucrés et de trucs à grignoter n'importe quand, n'importe où, avec un intérêt marqué pour les biscuits salés et sucrés.

En 2018, près de 14 % des repas, soit 9,9 milliards de repas, étaient pris à l'extérieur. Cela représente 152,5 repas par habitant pris à l'extérieur ou livrés par an.

La grande distribution est tellement puissante qu'elle impose aux agriculteurs, ce qu'ils doivent produire, quand, et comment, pour alimenter les circuits de l'agroalimentaire.

En France, un quart des agriculteurs vivent sous le seuil de pauvreté, 26 000 foyers agricoles sont au RSA et de nombreux paysans recourent à l'aide alimentaire...

Découragés, ne pouvant plus vivre de ce qu'ils produisent, les paysans cessent de travailler la terre ; cela réduit l'offre alimentaire locale, qui devient insuffisante par rapport aux besoins. Apparaît alors un paradoxe majeur : les petits producteurs satisfont 70 % des besoins en nourriture dans le monde, mais ils figurent parmi les populations en déficit alimentaire.

La plupart des humains qui ont faim dans le monde sont des paysans pauvres.

Les accords commerciaux portant sur l'agriculture en cours de négociation sont INCOMPATIBLES avec les objectifs climatiques de l'accord de Paris, signé par l'ensemble des pays européens.

En France, le transport des aliments pour les animaux (en majorité des tourteaux de soja) pèse pour un tiers du trafic total et pour 19% des émissions de CO2. Les fruits et les légumes représentent un quart du trafic total et 31% des émissions; c'est la catégorie la plus importante en termes d'émissions liées au transport. Nos tomates et nos fraises voyagent beaucoup !

Les émissions de GES issues de l'alimentation des ménages en France s'élèvent à 163 millions de tonnes d'équivalent CO2, soit le quart de l'empreinte carbone des ménages français.

Les fraises cultivées sous serre hors saison génèrent 3,41 kg d'eqCO2 par kilo. Les fraises produites en plein air en émettent 0,772 : CINQ FOIS MOINS.

Les aliments transformés induisent une augmentation de la consommation d'énergie et du nombre d'emballages. Les tomates en boîte génèrent ainsi 1,4 kg d'équivalent CO2 par kilo, contre 0,3 kg d'eqCO2 pour des tomates fraîches (en saison) cultivées en France.

L'impact environnemental de l'alimentation dépend aussi du niveau de vie : si les 10% les moins riches de la population française génèrent en moyenne 2,51 tonnes annuelles de GES pour se nourrir, les plus riches mangent plus de viande rouge et émettent 4,76 tonnes de GES par an, soit presque deux fois plus.

Un des principaux arguments des tenants des fermes urbaines est qu'on va manquer de surfaces cultivables pour nourrir les humains. C'est vrai.... mais comme l'élevage consomme 80% des terres agricoles, on pourrait commencer par lui demander de céder de la place.

Impossible : ni les fermes verticales, ni la viande in vitro, ni les insectes ne répondront aux besoins alimentaires des humains dans les années qui viennent.

En France et en Europe, seulement 2 à 3% des surfaces cultivées sont consacrées aux légumineuses, qui apportent des protéines végétales et peuvent remplacer les protéines animales.

Conclusion : il faudrait modifier les objectifs de la politique agricole française et les critères d'affectation des aides aux agriculteurs pour les encourager à produire ce dont nous avons réellement besoin de manière soutenable. Et en premier lieu, il est impératif d'éviter que notre système agricole actuel se retrouve victime de dumping environnemental ou social dans le cadre des accords commerciaux en négociation.

Le système agro-alimentaire français est un sablier : 436 000 exploitations agricoles pour 300 entreprises agroalimentaires qui concentrent 85% du marché, pour 6 centrales d'achat qui concentrent 92% du marché des 67 millions de consommateurs.